Société. Manif pour Natacha et Sébastien, entendus hier par la police.
Natacha et Sébastien, deux jeunes SDF à qui les Robin des bois d'ErDF avaient rétabli le courant dans l'appartement du Secours catholique qu'ils squattaient, rue Raymond-Icart, au printemps dernier, ont été entendus hier au commissariat de Jolimont. À l'extérieur, associations, électriciens et squatteurs leur ont manifesté leur soutien.
Ils font l'objet d'une plainte pour vol d'électricité. ErDF leur réclame 460 €, dont seulement une cinquantaine d'euros de consommation réelle, et plus de 400 €de frais de procédure. Car c'est bien d'ErDF qu'est partie la procédure. Dominique Laporte, adjoint aux ressources humaines de la filiale d'ErDF confirme : « Nous avons un service qui s'occupe de pister les fraudes pour que tous nos clients soient sur un pied d'égalité. Cette procédure pour fraude entraîne un procès-verbal qui finit chez le procureur de la République. C'est lui qui statue et décide de suivre ou non ». Dans le cas de Sébastien et Natacha, ce fut donc oui et cela embarrasse un peu la direction d'ErDF : « La procédure est automatique. Nous n'avions pas l'intention de piéger les Robin des bois et sommes encore moins revanchards vis-à-vis des personnes démunies. Nous avons d'ailleurs mis en place des dispositifs de solidarité pour ces publics. » Face à la prolifération de squats et la multiplication d'intervention de type Robin des bois, le procureur a sans doute souhaité envoyer un signal. De son côté, ErDF évoque la possibilité d'une « démarche amiable » avec le couple de squatteurs.
Logement. Les Robin des bois d'EDF avaient rétabli le courant dans l'appartement qu'ils squattaient.
En avril 2009, Natacha et Sébastien, deux jeunes sans domicile fixe et leur petite Manon, âgée de deux ans, squattent un appartement du Secours Catholique, rue Raymond-Icart, dans le quartier Guilhémery. Les Robin des bois d'ErDF leur rétablissent le courant. En janvier dernier, à la suite d'une procédure disciplinaire, Dominique Liot, agent ErDF et délégué syndical, est mis à pied trois semaines pour avoir revendiqué cette action au nom de la CGT Énergie Midi-Pyrénées. Soit.
Mais aujourd'hui, l'affaire dépasse le cadre interne. Natacha et Sébastien, tous deux RMistes, sont eux-mêmes visés par une plainte pour « consommation frauduleuse » d'électricité. Ils sont ainsi convoqués cet après-midi, à 14 heures, au commissariat de Jolimont, pour y être entendus.
EDF et ErDF démentent avoir déposé plainte
Sébastien, qui exécute actuellement un travail d'intérêt général à la Banque alimentaire, a été convoqué par téléphone ; sans doute le Secours catholique a-t-il communiqué ses coordonnées à la police. Il trouve tout cela plutôt déplacé : « Quand on entend parler des gros salaires d'EDF, nous, petits squatteurs qui n'avons voulu que nous chauffer l'hiver, nous trouvons ça choquant. On dirait qu'ils essaient de toucher les Robin des bois par notre intermédiaire. »
Le DAL, qui appelle à une manifestation de soutien à Natacha et Sébastien (1) « pour exiger que ces poursuites cessent », enfonce le clou : « A l'heure où le patron d'EDF, Henri Proglio, affiche un salaire de 1,6 million d'euros par an, essayer de traîner des RMIstes au tribunal dans ces conditions là est aussi infâme qu'inacceptable ! » Le DAL réclame une « tranche sociale d'électricité gratuite » et l'interdiction des coupures chez les personnes démunies.
Hier, les services communication d'ErDF et d'EDF ont démenti avoir déposé plainte contre les deux jeunes squatteurs dont ils disent « ne pas connaître l'identité ». Selon la CGT Energie et la police, c'est pourtant bien l'unité clients-fournisseurs d'ErDF Midi-Pyrénées, basée à Castres, qui en est à l'origine.
(1) Rassemblement aujourd'hui à 14 heures, devant le commissariat de Jolimont, 16, avenue Camille-Flammarion.